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Voler avec les oies

C’est un étrange ballet que les habitants du secteur de Marckolsheim peuvent observer au-dessus de leurs têtes ces derniers jours. Un ULM (ultraléger motorisé) biplace fait sa petite promenade matinale dans le ciel du Ried, accompagné de six oiseaux.

Voler avec les oies

Voler avec les oies

apres-l-effort-le-moment-des-recompenses-pour-les-oies-qui-sont-tres-familieres-avec-le-pilote
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C’est une « escadrille » de six oiseaux qui accompagne l’ULM, en volant en formation serrée autour de l’engin motorisé. Un vol d’entraînement pour François Proix, de Bassemberg, avec ses six oies qu’il a imprégné depuis leur naissance.

« Voler en ULM donne un sentiment de liberté, malgré les règles de sécurité. On a une autre vision du sol, c’est un autre monde, le vol en ULM est un vol lent qui permet de contempler et d’apprécier les paysages », explique ce passionné d’aviation qui décolle de Marckolsheim ou de Kogenheim.

« Mes grandes émotions, le tour de France et le tour d’Italie, de la Corse et de la Sardaigne, sont des moments qui laissent des souvenirs indélébiles », ajoute-t-il.

Tous les pilotes de pendulaire ont vu le film Le peuple migrateur ou L’envolée sauvage , qui ne peuvent que donner l’envie de voler avec les oies.

« Il y a trois ans, suite au tournage du film documentaire Le plus beau pays du monde diffusé sur France 2, dont une partie a été tournée en Alsace, j’ai eu envie de travailler et de voler avec les oies, c’était formidable ».
« Il y a une oie empereur que nous avons appelée Porcinet »

Installé à Bassemberg avec sa compagne Ingrid Kirch depuis 1991, il s’est mis à élever des oies rieuses pour voler comme elles et avec elles.

« Dès l’éclosion, les oisons s’attachent aux personnes qu’elles voient en premier et les considèrent comme leurs parents… Elles avaient à peine deux jours quand nous les avons emmenées sur le terrain pour les familiariser avec l’ULM », expliquent Ingrid et François.

Leur plumage permet aux oies de voler vers leur 40e jour. « Dès qu’elles ont commencé à voler, nous avons fait des petits sauts de puces avec l’ULM ».

Petit à petit, les tours sont devenus plus longs et aujourd’hui, elles sont capables de voler 20 à 25 minutes facilement. Quand le pilote et ses oies arrivent sur le terrain d’envol à Marckolsheim, il faut d’abord se dégourdir les pattes et les ailes. Dès que l’ULM est prêt, un petit coup de klaxon donne le départ. S’il ne faut qu’une cinquantaine de mètres à l’ULM pour décoller, les oies elles, sont déjà en l’air bien avant. L’ULM prend de la hauteur jusqu’à 1 000 pieds (300 m) et les oies le suivent de près.

« Dans le groupe de six, il y a une oie empereur que nous avons appelée Porcinet. Il y a aussi Jean-Mi, elle est un peu méchante et agressive, mais c’est elle le chef de la bande ; la numéro 4, c’est la petite dernière », explique François.

En vol, à 300 mètres d’altitude, les oies volent si près de l’ULM qu’on peut presque les toucher, les regards se croisent et François le pilote leur parle tout au long du vol qui dure une vingtaine de minutes.

De temps en temps, les oies se placent devant les ailes et utilisent le vortex créé par le bord d’attaque de l’aile pour se reposer.

« Si les oies commencent à jacasser, c’est le signe qu’elles sont fatiguées et il faut rentrer ». Dès que l’ULM perd de l’altitude à l’approche du terrain d’atterrissage, les oies qui ont volé en formation se font encore un dernier plaisir et commencent à batifoler autour de l’engin motorisé.

« Dès que nous sommes à terre, il faut leur donner à boire pour les réhydrater. Et à manger, car c’est quand même un peu éprouvant pour elles. »

Très familièrement, les oies viennent manger dans les mains d’Ingrid et de François. « Quand j’ai volé la première fois avec les oies, j’en ai eu les larmes aux yeux, c’est une sensation époustouflante, un moment merveilleux et inoubliable auquel les terriens ne peuvent pas goûter », lance François, le seul et unique pilote qui vole avec les oies en Alsace et qui rêve d’un tour du monde en ULM. Mais peut-être pas avec ses oies.

article paru dans les dna  du 4 octobre 2016
http://www.dna.fr/edition-de-selestat-centre-alsace/2016/10/04/voler-avec-les-oies