Un petit pas pour le mécano…
Un bon de géant pour le rendement
Il est parfois nécessaire de changer le »PAS » de l’hélice. Réduire l’incidence des pales pour gagner du régime moteur et des performances au décollage, ou à l’inverse l’augmenter pour voler plus vite en croisière, réduire sa consommation de carburant ou l’émission sonore. Avant de s’engager dans cette intervention, il faut connaître la méthode et entrevoir les erreurs à ne pas commettre. |
Cette étude a été réalisée sur un matériel DUC, sous les directives de l’équipementier français. Cette marque a été choisie parce que le parc d’hélices DUC est majoritaire dans le monde de l’ULM. Il ne s’agit nullement d’un publi-reportage à la gloire de cette enseigne. |
Stabilité et tranquillité
Avant de commencer le réglage de l’hélice, il faut s’assurer que l’ULM ne bougera pas durant l’intervention. On choisira donc de s’abriter du vent en stationnant l’ULM dans un hangar. L’appareil doit être stable ; à défaut, il convient de le caler pour éviter tout mouvement. Si on choisit de travailler seul, on s’assurera que personne ne risque de venir perturber l’intervention, a fortiori errer autour de l’ULM. Si l’hélice est équipée d’un cône, ce dernier doit être retiré. Pour mémoire, les fixations boulonnées (vis + écrou) sont toujours soumises à la règle suivante : pour bloquer ou débloquer le boulon, on agit exclusivement sur l’écrou… sauf si c’est matériellement impossible, évidemment. Ceci parce que les surfaces de friction (augmentées avec la formation d’oxyde…) est moindre sur l’écrou que sur la vis. |
ASTUCE
Si vous avez prévu de remplacer ou de nettoyer vos bougies, profitez de ce démontage pour faciliter la rotation de l’hélice. L’ULM gagnera en stabilité pendant l’intervention. |
Pour retirer les boulons qui tiennent le cône, on bloque la vis avec la clé appropriée et on agit sur l’écrou. |
Retirer tous les boulons de fixation sauf un. Ce dernier sera dépossédé de son écrou afin de libérer l’opérateur. Retirer la vis d’une main en soutenant le cône de l’autre main. Cette méthode évite de faire tomber l’objet précieux. |
Vérifier l’aplomb
Deux cas se présentent quand on choisit de modifier l’incidence des pales de l’hélice : soit on connaît précisément le calage actuel et on veut ajouter ou retirer X degrés, soit on ne le connaît pas. Dans le second cas, il est conseillé de caler l’ULM de manière que le plateau porte-hélice soit vertical. Ainsi, la lecture qui sera faite sur l’outil de réglage sera directe. Dans le cas contraire, il faut connaître l’inclinaison du plateau et ajouter ou retirer la valeur de cet angle à l’angle d’incidence. Un risque d’erreur et une complexité dont on se passer volontiers. L’outil proposé par DUC Hélices pour régler l’incidence des pales possède des surfaces orthogonales pratiques pour vérifier la verticalité ou l’horizontalité. Il permet également de connaître la valeur d’un faux équerrage. Donc une fois l’ULM calé dans la position idéale, on desserre légèrement les vis de pression du moyeu (cercle intérieur) et les vis de pression des pieds de pales ; juste assez pour libérer les bagues, mais pas trop afin que les pales restes en place. |
ASTUCE
Tentez par tout moyen de trouver le plan vertical du plateau porte-hélice. Cela permet de connaître le calage initial et le nouveau calage d’hélice sans procéder à des calculs… Ensuite, consignez ces valeurs dans le carnet d’entretien à toutes fins utiles. |
L’outil de réglage DUC Hélices permet de vérifier la verticalité du plateau porte-hélice ou de connaître l’angle d’inclinaison. |
Desserrer légèrement les vis centrales ainsi que les vis de pression des pieds de pales. |
Chez DUC, trois positions pour placer l’outil de réglage, selon le type d’hélice : 20 cm de l’extrémité de pale (Swirl ou Flair), 14 cm (FC Windspoon) ou 25 cm (Flash). |
Placer l’outil de réglage
L’outil de réglage doit être positionné à une distance précise de l’extrémité des pales : 20 cm dans le cas d’une Swirl ou d’une Flair), 14 cm pour une FC Windspoon ou 25 cm pour une Flash. Tracer un trait au feutre sur chaque pale fait gagner du temps. La pale à régler doit être horizontale, bord d’attaque vers le haut. Même si on peut s’aider d’un niveau ou de l’outil de réglage, un contrôle visuel suffit, car une faible pente montante ou descendante a très peu d’incidence sur le réglage. On pose l’outil de réglage côté intrados de la pale, au niveau du repère tracé, avec le meilleur aplomb possible. Avec la molette, on cherche à placer la bulle de niveau précisément entre les traits. Si le plateau porte-hélice est bien vertical, la valeur d’angle reportée sur le vernier correspond à l’incidence de la pale. |
ASTUCE
Tracez par avance la place de l’outil sur toutes les pales. |
En travail préparatoire, on peut tracer au feutre la position de l’outil sur toutes les pales. |
Placer la pale horizontale, bord d’attaque vers le haut. |
Une fois l’outil en place, on tourne la molette pour placer la bulle de niveau entre les traits. |
Si le plateau porte-hélice est bien vertical, la valeur d’angle reportée sur le vernier correspond à l’incidence de la pale (une graduation = 2°). |
Vérifier le sens de réglage en fléchissant la pale dans le sens recherché (+ ou – de pas). |
Préparer le réglage
L’opérateur doit indiquer sur l’outil de réglage la valeur d’angle qu’il souhaite ajouter ou retirer à l’incidence actuelle de la pale. Si on veut modifier cette valeur d’un degré, le vernier indiquera une demi graduation. La lecture n’est pas très facile dans ce cas, mais une erreur est acceptable pour deux raisons : d’abord parce qu’un quantième de degré en plus ou en moins ne changera pas radicalement le comportement de l’ULM, et surtout parce que ce qui compte n’est pas la précision du réglage, mais le fait que l’ensemble des pales soit réglé à l’identique. Une fois la valeur indiquée au moyen de la molette, il est conseillé de bloquer cette dernière au moyen d’un adhésif pour éviter de la dérégler par inadvertance. |
La lecture du vernier n’est pas très facile ; il n’est toutefois pas nécessaire de traquer le »pouième » de degré ; l’important est que toutes les pales soient réglées à l’identique. |
Pour éviter de dérégler l’outil durant l’opération de réglage, il est conseillé de bloquer la molette avec un adhésif. |
Agir sur la pale
Toutes ces opérations préparatoires étant réalisées, on peut passer à la phase de changement d’incidence de la première pale. Pour cela, on desserre un peu plus (mais pas trop) les deux boulons qui verrouillent le pied de cette pale et, si le besoin s’en fait sentir, les vis centrales de la zone de cette même pale (2 sur une tripale, 3 sur une bipale…). Tout en faisant pression pour tourner la pale dans son logement, on tapote avec un maillet en nylon sur la partie épaisse de son emplanture. Cette zone ne craint pas ce genre de choc. Ce faisant, on surveille la bulle du niveau qui doit se déplacer à chaque coup jusqu’à se placer au centre des traits. Quand elle y parvient, on resserre modérément les vis et boulons concernés et on passe à la pale suivante avec le même mode opératoire. Une fois toutes les pales réglées, on repasse à la première, laquelle est vérifiée. Si besoin, régler de nouveau, sinon, passer à la suivante pour un contrôle. Si un réglage a été nécessaire au deuxième tour d’hélice, réaliser un troisième tour avec contrôle de chaque pale. La bulle de niveau doit systématiquement se placer entre les deux traits. |
Desserrer un peu plus les deux boulons du pied de pale et les vis de la zone de la pale. |
Tapoter à l’aide d’un maillet nylon sur la zone épaisse de la pale tout en maintenant un effort de rotation dans le sens souhaité. |
Après un tour de réglage, suivi d’un ou deux tours de contrôle, la bulle du niveau doit systématiquement indiquer le même repère. |
Quand le réglage est bon, effectuer un serrage approché des vis et boulons à l’aide de clés ordinaires. |
Serrage au couple
Une fois le réglage validé, l’opérateur peut resserrer les vis centrales et les boulons d’emplanture. Pour plus de praticité, on approche les serrages à l’aide de clés ordinaires, en veillant à ne pas dépasser le couple de serrage définitif qui requiert une clé dynamométrique. Comme on l’a déjà traité dans l’article concerné, mieux vaut utiliser une clé de ce type, même de qualité inférieure, que faire confiance à son ressenti. Les plus mauvaises clés sont décalées de 10% alors que le poignet évalue entre -50% et +300% ! Encore… pour un bricoleur averti. Il est conseillé de se faire aider pour le serrage au couple. Régler la clé sur 25 Nm (ou 2,5 mkg) et agir sur chaque vis et chaque boulon de manière équilibrée (serrage en étoile ou en quinconce). Vérifier le serrage de chaque assemblage une seconde fois. L’équipementier recommande de contrôler le serrage de l’hélice après une heure d’utilisation. Sauf conditions extrêmes (chaleur, montages particuliers…), il n’est pas indispensable de remonter le cône durant cette heure de vol. D’autant que l’opérateur pourra éventuellement être amené à corriger son réglage en fonction du résultat obtenu. |
Il est préférable de se faire aider pour réaliser le serrage au couple. L’aide-opérateur aura pour mission de bloquer l’hélice en rotation et de tenir l’écrou des boulons d’emplantures de pales. |
Après une heure de vol, contrôler le serrage de l’hélice. |
Le problème de mesurer la distance depuis le bout de pale est que que la longueur des pales n’est pas forcément standard.
J’ai une Swirl bipale sur un 582 et elle à été raccourcie relativement beaucoup (par le constructeur). Du coup le point de mesure est faussé…ce qui n’a pas grande importance car ce qui compte est d’avoir la même mesure sur chaque pale…
Enfin, le gadget DUC est bien gentil mais je fait mes réglage en atelier (hélice déposée) : beaucoup plus tranquille et reproductible.
Merci pour les infos en tout cas!